Je t'aimais autant!...

  

Je pense à toi tout le temps; toujours tu m'accompagnes;

Au travail, en roulant, chez mes clients, chez moi,

À l'usine, au bureau... Depuis plus de trois mois...

Je suis un évadé, en liberté au bagne...

 

Et dans les réunions, lorsque l'on me demande

Parfois mon opinion, je ne leur réponds pas...

Je rêve de tes jambes... De ce parfum d'amande

Que dégage ton ventre quand tu fonds dans mes bras...

 

Cet enfer où je vis, ne peut me consumer;

Tu me tiens compagnie partout où je m'en vais...

Tu es cette énergie qui me rend endurant...

Mon Élixir de Vie... Mon puissant carburant!

 

Jamais je n'aurais pris autre femme que toi!

Et tant pis si les autres me créent un bain de foule;

D'amour tu m'as pétri et sculpté de tes doigts!

Moi j'adore la terre que de tes pieds tu foules...

 

Tu n'avais pas d'idée que je t'aimais autant...

Je viens de te vider mes plus beaux sentiments

Que j'ai gardés sept ans et six mois, juste pour

Ne pas trop te répandre mon contenant d'amour!...

 

À peine je m'ouvrais, retenant mes élans;

J'ai vraiment pris mon temps... Ça m'a été coûteux!

Quand tu vas rappeler, ne me redis plus que

Tu n'avais pas d'idée que je t'aimais autant...

 

Je n'ai rien dit avant, ou bien, pas très souvent,

Pour ne pas gaspiller mes mots les plus précieux...

Mais tel un vieil avare, condamné se sachant,

Je sors tous mes dollars pour mourir généreux...

 

Oh! Mais plus j'en dépense, beaucoup plus m'en revient!

Beaucoup plus que l'on pense... Voilà que je deviens

Riche de plus en plus... Heureux de moins en moins...

À quoi ça va servir? À me payer des soins?!

Mon mal est incurable... Prends moi tout mon argent!

Ni Cèdre, ni Érable... Plus rien n'est rassurant...

Cherche-moi la machine à remonter le temps

Et je te montrerais c'est quoi t'aimer autant!...

 

Avant, j'avais trop peur du côté romantique...

Je contrôlais mon coeur pour mieux mener l'amour...

J'ai même délaissé l'amour de la musique

Pour pouvoir nous tisser une vie de velours...

 

Des "toujours", des "je t'aime" et autres mots banals,

Ce n'était pas mon fort... Et montait la tension...

Or, à vouloir bien faire, je t'ai fait trop de mal;

Tu as beaucoup souffert de trop peu d'attention...

 

Tu n'avais pas d'idée que je t'aimais autant...

Ma bouche était bridée... Mais l'esprit galopant!...

Je t'aimais coûte que coûte, sans vouloir trop verser;

Je t'aimais goutte à goutte, de peur de renverser!

 

Le contenu étant mon plus précieux nectar,

Je n'ouvrais pas la jarre, pour ne pas regarder...

Jusqu'à la fin des temps, je voulais t'en garder!

Tiens... Baigne-toi dedans... Il est tout à toi, car

Ayant peur d'en manquer, je t'ai manqué... Pourtant

Je t'aime à en crever... Beaucoup plus fort qu'avant!!!...

 

 

 Roger Yazbeck

Janvier 1994